top of page
logo_studio-platon_White.png

"Il va s’agir de repenser l’hyper consumérisme."



Marie Petit, Responsable des opérations pour la banque en ligne - Bpifrance



Depuis plus de 15 ans, Marie accompagne la transformation digitale des entreprises en créant de nouvelles expériences clients et en important des compétences clés dans les organisations : produit digital, e-commerce, design et data.

Diplômée de Sciences Po Paris, elle a fait ses armes dans le secteur des médias, a structuré le département de design d’une agence digitale leader en France, et développe depuis 7 ans les services digitaux dans le secteur bancaire.




Quels sont vos enjeux actuels et comment les adressez-vous? 


Mon rôle est de développer des services digitaux pour des clients entreprises. Le premier enjeu est donc de renforcer la relation entre Bpifrance et ses clients en leur apportant des services digitaux qui vont faciliter leur vie d'entrepreneurs. Il s’agit donc du sujet majeur de la digitalisation de la relation client, d'une expérience plus fluide et plus autonome.

Je m’explique : l’offre de Bpifrance est très large et distribue donc énormément de produits, d'offres d’accompagnement, de dispositifs de subvention qui peuvent émaner de l'État, de l'Union Européenne. Pour se repérer dans cet ensemble, l’entrepreneur doit donc échanger avec un chargé d'affaires pour l’aider à s'orienter. L'entrepreneur vit une forme de solitude, ainsi notre rôle chez Bpifrance est de leurs faciliter les opérations de gestion administrative et l'accès aux financements car notre promesse est d'accompagner tous ces dirigeants et entrepreneurs, les aider dans le développement de leur entreprise, leur croissance et leur développement international.  L’enjeu est de faire gagner du temps dans les démarches, de moins solliciter les collaborateurs sur des actes qui ont peu de valeur ajoutée pour qu’ils en libèrent sur du réel conseil. 


Le second enjeu concerne la réglementation européenne sur les données bancaires, les données de paiement de l'open banking.  C’est  une opportunité extraordinaire pour mieux connaître nos clients, leur activité, prendre des meilleures décisions. Quand on accorde finalement des financements, si on a accès à cette donnée d'open banking, voire d'open finance (en ajoutant aussi des données de placement, de crédit, d'assurance), pour nous c'est précieux car cela ouvre le champ de la connaissance sur les clients. Nous pouvons ainsi bâtir des offres et des produits qui reposent sur cette connaissance fine.

Par exemple, on peut imaginer de nouvelles solutions de trésorerie ou de financement du court terme, en s’appuyant sur l’open banking. Cette réglementation impose des développements coûteux pour toutes les banques, mais cela développe un potentiel d'usage et de création de valeur. 



Comment imaginez-vous leurs concrétisations dans 5 ans?


Nous imaginons que 80% des  clients de Bpifrance bénéficieront d’un abonnement en ligne, cela deviendra donc un standard et la promesse est d’offrir une offre de plus en plus personnalisée et sélective sur le contenu de cette plateforme pour guider nos clients parmi l'offre pléthorique de tous les services d'accompagnement qui se développent.


Concernant l'open finance notre objectif est d'avoir 50.000 consentements annuels, c’est-à-dire que nos clients donnent leur accord pour partager telles données pour tel usage. 


Un autre objectif est d'avoir déployé une centaine de business cases qui s'appuient sur l'open banking. Par exemple Bpifrance réalise beaucoup d'avances remboursables sur des projets d'innovation et de développement international, donc avoir la connexion bancaire nous aide à être plus précis dans l'attribution des fonds. 



Quelle a été la création de valeur de la transformation digitale dans votre entreprise?


Est-ce forcément de la création de valeur et de quelle valeur parle-t-on ? Les clients vivent une expérience instantanée et autonome, accèdent à toutes les données, à tous les contenus. L’accès a été facilité et accéléré. Je pense à une start-up qui a facilité l'accès aux SCPI qui est un produit d’investissement difficile d'accès. Ils ont digitalisé l’offre et l’ont rendu plus accessible. Je vois donc bien les bénéfices à propos de l'expérience client, le parcours client, tout comme je vois toute la valeur qui a été créée en termes d'efficacité opérationnelle, de processus qui ont été automatisés des tâches pas du tout intéressantes sur de l'analyse de dossiers de crédit qui était faite manuellement avec tous les risques d'erreurs que ça comportait. L’ensemble a  été automatisé pour ainsi réduire la fraude et le risque.


Mais je vois également que les transformations digitales, les modèles digitaux sont des modèles aussi qui détruisent de la valeur avec cet aspect de gratuité car on ne veut plus payer.  Dans le secteur du retail, la question finalement est « la transformation digitale crée-t-elle de la valeur ou en détruit-elle ? ». Il y a eu des gains évidents sur l'efficacité opérationnelle des collaborateurs mais cela introduit aussi d'autres complexités, ajoute des canaux. Chacun de nous a des sollicitations nombreuses à travers le mail, le téléphone, le chat, etc. Parvient-on à digitaliser pour simplifier ou a-t-on créé plein de de règles à propos de la gestion des parcours, des services, des frictions, des irritants?


Je trouve donc qu'il faut savoir regarder les deux aspects et cela devient très exigeant en termes de qualité de réalisation, notamment quand nous sommes sur des services grand public ou très concurrentiel. C’est une démarche passionnante et très exigeante car chaque paramètre influence tous les autres. Des acteurs comme Bpifrance qui sert tous les dirigeants, ou le Crédit Agricole qui a des parts de marché énormes et ne laisse personne sur le bord du chemin, ont un vrai rôle à jouer.



Quels sont les difficultés et questionnements que vous rencontrez dans la mise en place d’initiatives environnementales et sociales ?


De manière générale, on veut bien soutenir ces initiatives environnementales et sociales si elles gardent un bon équilibre économique. Sinon on met en place ces initiatives en allouant un pourcentage du résultat, qui sert donc à les financer. Mais c’est encore difficile à proposer pour le core business d'intégrer ces initiatives d'équilibre économique. Au sein de Bpifrance, nous avons une activité d'investissement rentable et ainsi nous pouvons prendre plus de risque sur les projets innovants: la décarbonation, la réindustrialisation, accompagner la création d'entreprise dans les quartiers, etc.


Tous les ans, je participe aux « Universités d'été de l'économie de demain », c'est un mouvement d’entreprises à impact qui abordent les défis environnementaux et sociétaux. Cette année j'ai vu l'intervention de trois femmes. Misent face à ces responsabilités environnementales et sociétales, leurs entreprises ont fait des choix forts, à savoir : se couper de certaines lignes de revenus. Par exemple, Mustela a arrêté les lingettes jetables alors que ce produit à succès est très rentable. Ils s’inscrivent vraiment à l'heure de la sobriété et de l'engagement environnemental qui force à faire des choix et à se couper d’une partie du business. Autre exemple, Evaneos (Agence de voyages en ligne) a décidé d'arrêter de proposer les city breaks qui nécessitent de prendre l'avion pour deux jours alors que cette activité est ultra rentable et qu’il y a une forte demande.  


Il va s’agir de repenser l’hyper consumérisme. Beaucoup d’entreprises sont allées sur des politiques environnementales et sociétales, mais l’ambition serait de mettre en place une réelle économie autour de ces enjeux et même de revoir les exigences de compétitivité.



Comment gérez-vous la tension et la pénurie de talents?


Je considère que cela passe en priorité par des valeurs. Il y a le relationnel, la capacité à travailler avec d'autres, et c'est ça que j'ai besoin de sentir.

Ensuite, je trouve que la question importante est « comment on donne envie ? ».  Donc si a un bon équilibre on va pouvoir être exigeants dans le travail individuel qui continuera le perfectionnement. L’un des partenaires avec lequel je travaille est dans le lean, mais le vrai lean, à la japonaise. C’est un véritable levier quand les collaborateurs sont démotivés car réaliser des projets d'amélioration de développement personnel, de développement des compétences c’est extrêmement motivant. 

L’autre aspect est de proposer de venir s’inscrire dans un projet humain, une aventure collective où on va bâtir un projet ensemble.

Je n’ai donc jamais trouvé le recrutement difficile car je pense que l’articulation de ces deux dimensions donne envie de nous rejoindre.



Le livre, le film et le lieu qui continuent de vous inspirer?


Le livre auquel je reviens souvent est Les Nourritures Terrestres de Gide car il saisit la vie, voit tout ce que le monde offre. Tu ne peux plus être triste ou malheureux une fois que tu as lu ce livre.

« Un homme et une femme » de Claude Lelouch bien sûr ! 

La vue au fond de mon jardin en Seine-et-Marne est la plus belle vue du monde, sur les champs, sur le village d'à côté, la Marne en contrebas, la brume au matin.  C'est cet aspect nature et liberté qui est merveilleux. Nous avons des animaux, des arbres fruitiers, etc. La campagne en Seine-et-Marne parcourue à cheval en balade ça me va très bien ! Cela me régénère.



Votre devise?


« Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder, ils s’habitueront » de René Char. 

« Impose ta chance » je trouve que cela repose sur les opportunités que tu te crées. « Serre ton bonheur » car je le chéri. « Va vers ton risque », cela me ressemble bien car je n’ai pas de problème à aller vers mon risque et « à te regarder ils s’habitueront » il s’agit là de courage, de colonne vertébrale pour assumer tout ça et d'être comme tel et de faire les choses à ta façon et de se faire confiance.




Comments


bottom of page